Les forces de l’ordre ne font pas de politique, mais en subissent immédiatement les conséquences, plus que tout autre fonctionnaire !
Il serait judicieux de procéder à une évaluation de tout projet de réforme au regard de ses conséquences en terme de sécurité publique. Tout comme on procède à son évaluation financière…
Policiers et gendarmes ont aujourd’hui le droit de vote (depuis le 17 août 1945, pour les militaires). Des études assez précises nous disent d’ailleurs dans quel sens ils l’exercent… Mais ils sont soumis à un même devoir de réserve, codifié, pour les uns comme pour les autres, au livre IV, titre 3, chapitre 4 de la partie réglementaire du code de la sécurité intérieure.
Nul ne le conteste sérieusement, étant remarqué néanmoins que, pratiquement, il s’applique moins strictement aux représentants des organisations syndicales de policiers, qui s’expriment largement, quotidiennement, sur les télévisions d’information en continu, et les autres…
Pourtant, ils seront concernés directement par quasiment toutes les réformes décidées par le gouvernement.
On dira : “comme tout le monde ! “.
Non ! D’abord parce qu’ils sont tous fonctionnaires. Le budget de l’Etat, au-delà des programmes 176 et 152, fixe chaque année l’évolution du cadre budgétaire de leurs emplois.
Mais surtout, parce que la sécurité générale (les Constituants de 1789 parlaient de “sûreté”) est une nécessité sociale supérieure à tout autre. Sans sécurité, pas de prospérité, pas de respect des contrats, pas d’horizon pour les investissements, pas de consensus social. Huit jours d’émeutes fin juin et début juillet 2023, dégradent davantage le climat des affaires, et donc la prospérité économique, et donc le pouvoir d’achat des ménages…, que quinze épisodes successifs de manifestations nationales contre la réforme des retraites… Et, dans les deux cas, c’est aux forces de sécurité intérieures de supporter la charge d’un contrôle, ou de la répression, jusqu’au retour au calme.
Les forces de sécurité intérieure (FSI), décryptent l’actualité politique et sociale avec leur prisme propre :
– le ministre de l’Education nationale interdit-il dans l’espace scolaire le port de l’abaya (dont l’origine remonte d’ailleurs à la plus haute antiquité)… ? Les FSI se doutent qu’ils auront à intervenir si cette nouvelle règle n’est pas respectée et provoque des protestations…
Le niveau de sécurité dans un pays, ou un quartier, est un facteur important de sa prospérité. Pour les FSI, c’est aussi un facteur de mobilisation, parfois de risque ou de stress, et même de découragement…
Ce qui explique peut-être que, citoyens comme les autres, ils n’aient pas toujours le même comportement électoral.
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