Après les émeutes de juin, le gouvernement veut durcir les dispositifs répressifs, au lieu de favoriser une surveillance de terrain
Le 26 octobre à la Sorbonne, la Première ministre a présenté aux maires de France un plan sans surprises ni imagination
Ecoutant Elysabeth Borne ce jeudi 26 octobre présenter son plan en réponse aux émeutes qui ont dévasté plusieurs quartiers après la mort du jeune Nahel, on est d’abord frappé par la mise en avant de plusieurs mesures répressives :
– “encadrement de jeunes délinquants par des militaires, qui pourront notamment transmettre des valeurs de discipline et de dépassement de soi » (réactions unanimes des militaires : “on n’est pas là pour ça !”);
– une plus grande responsabilisation des parents de délinquants mineurs, avec « des stages de responsabilité parentale » (sic) et des peines de travaux d’intérêt général pour les parents qui se soustraient
à leurs devoirs éducatifs ;
– “une contribution financière citoyenne et familiale que les mineurs et leurs parents devront payer à des associations de victimes » (la Première ministre disant vouloir en outre s’assurer que lorsqu’un mineur « a causé des dégradations, les deux parents – qu’ils soient séparés ou non, qu’ils vivent avec leur enfant ou non – soient responsables financièrement des dommages causés »).
– « un nouveau plan national de lutte contre les stupéfiants », « matrice de toutes les délinquances » et
« cause de nombreuses violences », afin notamment d' »améliorer le recouvrement » des amendes forfaitaires pour les consommateurs.
Ensuite, sur le terrain, elle revient sur une promesse du candidat Macron lors de sa campagne de 2022 :
– des « forces d’action républicaine », composées de policiers, de fonctionnaires des finances, de personnels
éducatifs et travailleurs sociaux, afin de sécuriser les quartiers, seront également mises en place avec de premiers déploiements à Besançon, Valence et Maubeuge (Nord) d’ici à la fin de l’année…
– Elisabeth Borne a par ailleurs proposé de « donner la possibilité aux polices municipales d’accomplir certains actes de police judiciaire », sous le contrôle des parquets et pour les maires qui le souhaitent.
Elle a aussi indiqué que le gouvernement allait soutenir les municipalités avec « une enveloppe de 100 millions d’euros » pour « aider à la réparation et la reconstruction » des bâtiments touchés par les émeutes, « en complément de l’indemnisation des assurances ».
Conclusions :
– S’agissant de l’irresponsabilité de certains parents et du trafic de drogue, on va punir davantage… La politique menée jusqu’à présent serait la bonne (?), il conviendrait seulement de l’accentuer…
– S’agissant de la Police Nationale, son effacement de l’espace public est confirmé. Comme déjà énoncé le 3 février 2003 par un ancien ministre de l’Intérieur nommé Nicolas Sarkozy, la mission de la Police et de procéder à des investigations et à des arrestations, pas à surveiller ou à patrouiller. Madame Borne, en creux, propose aux polices municipales de partager les actions de police judiciaire, mais rien sur la police de proximité…
Les premières réactions d’élus locaux vont dans ce sens : le gouvernement veut leur confier de nouvelles tâches, alors qu’ils manquent déja de moyens pour mettre du bleu dans leurs territoires.
Quatre mois de consultations et d’études pour ça ? … C’est léger !
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